Chapitre 12

Le lendemain matin, le boulanger fatigué prépare un gros gâteau. À la crème chantilly.

Ensuite, il va se recoucher. Il veut être bien réveillé pour l’heure du goûter. Après la sieste, il va voir dans son frigo. Le gâteau est très beau. Très gros. Il découpe trois grosses parts qu’il met sur une grande assiette. Et aussi, sur l’assiette, il pose un petit billet rose, qu’il a plié par le milieu. Il pose l’assiette sur le présentoir pas plus haut que trois pommes. Il pose la cloche de verre sur le présentoir.

À 16 heures 30 précises, le présentoir est installé. Juste devant le rayon des pâtisseries.
À 16 heures 31, une maman arrive avec un petit garçon pas plus haut que trois pommes.
A 16 heures 31 et 2 secondes, le petit garçon met son doigt sur la cloche de verre du présentoir pas plus haut que trois pommes. Il dit : « Je voudrais ce gâteau. »

La maman dit qu’il faut attendre son tour.Le petit garçon ne bouge pas. Il garde l’index appuyé sur le verre en direction des trois grosses parts de gâteau.
Une dame commande des frangipanes.
Le petit garçon ne bouge pas.
Un monsieur voudrait un croissant et aussi un café
Le petit garçon n’a toujours pas bougé.
Encore une dame qui voudrait un thé. Encore un monsieur qui voudrait le journal. Un verre d’eau. Le petit garçon ne bouge pas. Il regarde les trois parts de gâteau.

C’est enfin le tour de la maman du petit garçon. Elle commande un thé. Elle dit aussi : « Mon fils voudrait ce gâteau, s’il vous plait. »
Le petit garçon n’a pas du tout bougé. Le doigt appuyé contre la cloche de verre. La boulangère s’approche. Elle lui demande de retirer son doigt. Elle soulève la cloche de verre. Elle soulève l’assiette avec les trois grosses parts de gâteau. Elle voit le billet rose. Elle le prend. Elle le déplie. Elle lit en fronçant les sourcils. Elle repose le billet. Elle repose l’assiette et la cloche de verre par-dessus.

La boulangère se penche vers le petit garçon. Elle dit : « Désolée mon chou. Ce gâteau n’est pas à vendre. Ce gâteau est réservé. »

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Auteur : Nicolas Esse

Depuis 1962, je regarde les nuages qui passent avant d'aller mourir.

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